Thursday, December 29, 2011

A L'OUEST, PAS de JUSTICE!


Ouremi, le criminel de L'ouest adule par le pouvoir comme pour le feliciter pour ses crimes contre l'humanite.



Amade Ouremi entoure par le prefet et ses hommes, une armee independante equipe par???

L'ONU et la licorne savent bien ce qui se passe a l'Ouest.
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Maho Glofehi, envoye en mission de paix par le pouvoir se fait tabasser par les FRCI, et incarcere pendant 5h. Il est apres mis en liberte sur l'injonction d'ADO.


Battu et mis a poil pour le plaisir de FRCI. La reconciliation en Cote D'Ivoire a de beaux jours devant elle.


 Maho Glofehi et le journaliste Goore Bi.

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Le visage de l'Ouest




Ces regards qui en disent long sur la douleur que vivent ces enfants dont les parents ont ete tuees dans cette partie de la Cote D'Ivoire. Personne ne parle de justice pour eux puisque les criminels sont amis du pouvoir. Leur justice viendra surement du ciel.

Wednesday, December 28, 2011

Enquête sur un massacre – Alassane Dramane Ouattara a organisé des crimes contre l’humanité, avec le soutien de Nicolas Sarkozy . Enquête édifiante de l’hebdomadaire français l’Observateur


L’enquête que vous allez découvrir plus bas a été menée par un journaliste de l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur. Il y a deux raisons pour lesquelles je vous invite à prendre le temps de la lire. Depuis le début de la crise postélectorale ivoirienne, et même avant, l’ex-président Laurent Gbagbo a fait l’objet des pires portraits et assertions caricaturesques dans les medias occidentaux, totalement acquis à l’entreprise de diabolisation qui le visait. Gbagbo dictateur, Gbagbo mauvais perdant de l’élection présidentielle, on était habitué.
Cette enquête faite par un organe de presse européen peu réputé pour sa propension à l’exagération, et qui se greffe aux rapports accablants d’organisations humanitaires que l’on ne peut soupçonner de collusion avec l’ancien pouvoir ivoirien, comme Human Rights Watch, Amnesty International, La Croix Rouge, Caritas etc., ruine définitivement ce qu’il restait de la réputation de technocrate bien propre sur lui d’Alassane Ouattara, construite à coup d’articles laudateurs, d’omissions opportunes et de contrevérités savamment distillées. Jean-Paul Mari dépeint ici une fresque hideusement magistrale des exactions organisées par Alassane Ouattara, un homme banal cruellement mortel, dont l’Histoire retiendra qu’il a été capable d’enjamber des dizaines de milliers de cadavres pour s’asseoir dans le fauteuil présidentiel ivoirien.
La lecture de ce document va certainement vous soulever le cœur. Il faut vous forcer à aller jusqu’au bout, même s’il est plus agréable d’ignorer certaines choses. La narration claire et ciselée ne laisse aucune marge au flou. C’est inexorable, insoutenable, sans ellipse, sans pardon. L’opinion publique française et occidentale ne pourra pas échapper au malaise, même si elle est habituée à couvrir du voile de l’ignorance tout ce qui peut lui donner mauvaise conscience: L’horreur de la guerre est arrivée à son comble avec Alassane Dramane Ouattara, soutenu et épaulé par Nicolas Sarkozy, président de la république française.
Mahalia Nteby
1.ooo, 2.ooo morts ? On ne sait pas. Mais la grande tuerie de Duékoué a duré toute une semaine, dans la ville, les villages, la brousse. Accusées : les Forces du Nord du président Ouattara qui ont lancé leurs supplétifs à l’assaut. Jean-Paul Mari a reconstitué sur place la mécanique d’une bataille qui a tourné à l’épuration ethnique.
Duékoué est une ville infecte. L’endroit pue la crasse, la sueur, la peur, la haine, la mort. Ce matin, il fait déjà bien trop chaud et l’humidité trempe le corps. Dans l’église incendiée du quartier Carrefour, il faut marcher entre les cadavres encore frais d’hommes abattus à bout portant, découpés à la machette ou la gorge tranchée, à même le sol, mains liées dans le dos, comme des animaux de ferme.
Dans l’air, il reste cette odeur pois­seuse, reconnaissable entre toutes, mélange de mort, de métal, de sang caillé et de brasier mal éteint, et ces cendres noires aussi collantes que les mouches sur l’ordure. Il y avait un quartier, une population de 10 000 personnes, il ne subsiste plus grand-chose d’humain. Sinon l’église Jésus-Sauveur, carbonisée, les mai­sons noircies, les allées défoncées en terre ocre, le sol noir couvert de gra­vats et de vêtements sales, dispersés. Un cyclone de violence a tout emporté, les abris de bambou, les toits en tôle, les murs de ciment, les fils électriques qui pendent des pylônes et les portes arrachées à mains nues. Restent les pancartes du restaurant Nid d’Abeilles, du salon Hip-Hop Coif­fure, de la pharmacie Médicaments chinois et un poster déchiré d’un foot­balleur africain. Même les arbres ont brûlé, leurs branches basses encore lourdes de mangues. Un gosse traîne dans la ville fantôme, trouve un fruit pourri, le suce. Un homme, un balai de paille à la main, contemple les ruines de sa maison. Un vélo passe, chargé d’une chaise en plastique épar­gnée.
Tuer, tuer, tuer, la solution est tou­jours la même. La solution à quoi ? D’abord à un conflit politique. Entre les Forces du Nord, ex-rebelles devenus l’armée du nouveau président Ouattara, et les Forces du Sud, l’armée de l’ancien président déchu Laurent Gbagbo. Une solution aussi au conflit ethnique qui oppose les Malinkés ou Dioulas du Nord et les Guérés du Sud. Une solution, enfin et surtout, au conflit foncier, la guerre pour la terre, la guerre dans la guerre, pour un village, une ferme, un champ de cacao. Tuer l’autre, le grand propriétaire, le fermier, c’est laisser la terre vide, comme un cimetière fertile, à prendre là, maintenant. Un conflit politico-militaire et la revanche des métayers, cela suffit pour justifier le massacre des innocents. Cela s’appelle une épuration ethnique.
Tout près d’ici, il y a trois grandes fosses communes, de la terre fraîche retournée sur des monceaux de cadavres. Dans l’une d’elles, près de la rivière Guémon, les pieds des morts baignent dans le marécage. Les survivants hésitent à revenir, un œil sur leur passé, l’autre sur la brousse toute proche et la masse sombre des taillis d’où les massacreurs ont surgi. Et s’ils revenaient ?
Duékoué est une ville abandonnée de Dieu et du gouvernement, à sept heures de route et vingt-deux check-points d’Abidjan. Un gros bourg laid, sans âme et sans monument, doté d’une poignée de missionnaires héroïques mais sans conseil général. Personne ne s’y intéresse, sauf quand surviennent les massacres, et l’on vole à son secours quand tout est accompli. Pour son malheur, Duékoué est un carrefour stratégique. Qui tient Duékoué contrôle la circulation régionale, le chemin du cacao jusqu’au premier port du pays, San Pedro, et tout le flux humain et commercial entre le Grand Ouest et ses frontières.
Autre malédiction, la région est riche, la terre fertile, bien arrosée et les prix du café et du cacao ont flambé. Comme par hasard, les grands massacres dits politiques se produisent l’hiver, précisément à l’heure de la récolte. Les grandes terres appartiennent depuis toujours aux Guérés, réputés peu enclins à défricher leur brousse. Depuis une vingtaine d’années, certains ont vendu, loué ou concédé, souvent sans contrat écrit, une parcelle aux Malinkés venus du Mali, du Burkina Faso. Des immigrés durs à la tâche qui ont labouré, pris racine, se sont multipliés. «La terre est à celui qui la travaille», disait Houphouët-Boigny, le vieux sage. C’était avant le débat sur l’«ivoirité», une saleté théorique inventée à Abidjan pour fabriquer des castes. Le prix du cacao a augmenté, les métayers Malinkés sont devenus riches, grignotant parfois les champs au-delà du permis, le propriétaire guère est mort et ses enfants ont voulu réviser, voire annuler les contrats : les conflits ont éclaté.
En 2002, quand le Nord et le Sud se séparent, les premiers massacres renvoient opportunément chez eux une foule de métayers malinkés, leurs fils, leurs voisins, des paysans sans terre mais pleins de rage. On trace sur la carte une belle ligne de démarcation qui passe… juste au-dessus de Duékoué. L’ONU compte les coups, la Force Licorne patrouille, les ONG désertent le coin. Trop compliqué ! Entre les «coupeurs de route», bandits de grand chemin, le groupe d’Amandé, un seigneur de guerre venu du Burkina, fort de 300 hommes, qui s’est adjugé tout le parc naturel du mont Péko, la flopée de milices d’autodéfense, hommes de main des politiques ou simples voyous, dotés de «généraux» et de noms flamboyants de mouvements de libération, les commandos de quartier, les mercenaires du Libéria… la région devient une poudrière. Tous sont armés jusqu’aux dents, menacent, rackettent, volent, saignent, violent et tuent à l’occasion.
Dans le quartier Carrefour, il ne fait pas bon être Malinké et pas une semaine ne passe sans que l’on retrouve un corps ou deux dans les fossés. Face aux Guérés, au nord, existe une variante locale de miliciens, les Dozos, des chasseurs traditionnels malinkés, armés de fusil calibre 12 et de chiens de brousse. Les mystiques guerriers, initiés au grand secret de la forêt, portent des coiffes décorés de dents d’animal et ont le corps bardé de gris-gris supposés les rendre invulnérables aux balles invisibles face à un fauve ou capable d’occire un éléphant d’un seul coup de lance. Avec le temps, la farouche confrérie du Nord s’est dévoyée, agrégeant les jeunes enragés malinkés, faisant une milice de plus. Dix ans plus tard, à l’hiver 2011, quand les Forces du Nord, rebaptisées FRCI, lancent la grande offensive en direction d’Abidjan, la capitale tenue par Laurent Gbagbo, tout est prêt pour la grande revanche. «Vers quatre heures du matin, j’ai été réveillée par des lueurs et des explosions terribles. J’ai hurlé, croyant à un cauchemar. J’avais raison», dit Clémentine Don. A 53 ans, violée deux fois, sa maison pillée, son village dévasté, son mari humilié, encore terrorisée et obsédée par la tache de sang qui profane l’herbe au pied de l’arbre sacré du village, Clémentine est une femme brisée : «Nous sommes souffrants, vous comprenez…» Elle a pourtant tout fait pour échapper à l’horreur.
Née à Carrefour, elle a quitté son quartier dès les premiers incidents en 2001 pour s’abriter dans ce paisible village de Dahoua, à 5 kilomètres au sud de Duékoué. Clémentine, devenue présidente de l’Union des Femmes, a créé une coopérative Contre la Famine ! Tout s’effondre avec les premiers tirs, ce lundi 28 mars. Tremblante, elle suit les combats qui mettent Duékoué à feu et à sang. L’armée régulière du Nord a franchi la ligne rouge de démarcation. Pour en finir au plus vite, les rebelles du Nord ont lancé tous leurs supplétifs dans la bataille, les Dozos, leurs miliciens et même la bande de tueurs du chef de guerre Amande. Ils descendent des montagnes, s’infiltrent par la brousse, dévalent de tous les côtés à la fois, balaient les Forces de Sécurité présidentielles et taillent les milices Guéré en pièces. Ils prennent Duékoué en quelques heures puis… s’arrêtent, font la fête et pillent. C’est l’erreur. Venue du sud, une unité pro-gouvernementale, dotée d’un tank, contre-attaque et reprend le centre-ville. Au passage, les soldats en profitent pour assassiner les civils malinkés et égorgent un imam. Dans l’après-midi, le gros des troupes régulières du Nord, armées de mitrailleuses lourdes et de canons, arrive en renfort, désintègre le tank et met un terme à vingt-quatre heures d’une bataille confuse et sanglante. Au petit matin du mardi 29 mars, des dizaines de cadavres couvrent les trottoirs de Duékoué, les vaillants miliciens Guérés ont déguerpi en laissant leur population sans défense, face à des combattants ivres de bataille.
Carrefour est le premier quartier sur leur chemin. Ils encerclent les maisons. Les hommes sont triés, leur carte d’identité examinée. Un nom malinké : la vie sauve. Une carte d’identité ivoirienne, un nom guère : une balle dans la tête. Dehors, les femmes sont à genoux. « Ils nous forçaient à chanter leur gloire, à répéter : «Guerriers ! Guerriers !», dit Julie, une habitante. Les assaillants se divisent en trois groupes : «Les tueurs, les pilleurs et les gâteurs… Les gâteurs, c’est ceux qui arrosaient nos maisons d’essence avant de mettre le feu.» Un curé et ses enfants de chœur sont surpris devant l’église : «Quel est ton parti ? – Le parti de Jésus-Christ. – Jésus-Christ ? C’est pas un parti !» Ils sont abattus. Au milieu des cris et des explosions, les assaillants insultent leurs victimes : «Vous avez voté Gbagbo ! Traîtres !» Et les anciens métayers exultent : «Vous nous avez pris pour des domestiques. Nous sommes revenus en maîtres. Nous prendrons vos femmes, vos terres, vos champs. Et vous mangerez de la boue !» Et ils tuent. En fin de matinée, Carrefour est en feu. Et les supplétifs commencent à envahir les villages alentour.
A Bahé-B, à quelques kilomètres de Duékoué, Denis bêche son champ de manioc. Il entend du bruit, se dirige vers sa ferme, voit huit hommes en treillis, foulard rouge sur le front et sandales en plastique aux pieds. «Qui est là ?» Trois coups de feu lui répondent. La première décharge de chevrotine le manque, la deuxième lui loge un plomb dans le cou, la troisième lui crible l’épaule. Il tombe, laissé pour mort. Au troisième jour des massacres, les tueurs ne trient plus leurs victimes. «Ma femme, Hélène, mes jumeaux de 4 ans et demi, mon fils de 2 ans… Ils ont tué neuf personnes de ma famille», dit Denis. Couché dans les herbes hautes, paralysé, en sang, Denis entend l’appel au secours de sa nièce, sa fille adoptive, âgée de 13 ans : «Papa ! Au secours ! Ils sont en train de me violer !» Denis aperçoit plusieurs hommes autour de l’enfant, les cris durent une éternité. Puis ils cessent. Et Denis découvrira le corps de sa nièce, abattue d’une décharge dans la poitrine. Toute la nuit, Denis entend les aboiements des chiens des Dozos qui entrent dans la brousse, chassent les rescapés, les paysans dans leurs campements.
Une nuit de chasseurs, d’aboiements, de coups de fusil. Au petit matin, Denis se traîne vers la route et croise une colonne de l’Onuci. Après une longue inertie, les casques bleus commencent à patrouiller, enterrent les morts et cherchent des survivants.
Dans son village, Clémentine a compris que la brousse ne la protégerait pas de la folie de Duékoué. Au moment de fuir, elle est arrêtée par des Dozos et des hommes en armes. Parmi eux, une femme militaire en treillis. Ils parlent dioula, la langue du Nord, et poussent vers l’arbre sacré du village trois hommes, entre 18 et 20 ans, les mains attachées dans le dos. «J’ai entendu des cris bizarres, des couinements, comme si on égorgeait un porc», dit Clémentine. Quand les hommes s’en vont, les paysans se précipitent et trouvent les trois hommes au sol, la gorge tranchée au couteau de chasseur. «Ces cris… je les entends encore, chaque nuit !» Elle appelle l’Onuci, trois fois, au secours, en vain : «Venez ! Ils sont train de tuer dans les campements !» Le lendemain, le groupe d’assassins revient, avec des chiens «pour chercher les fusils cachés», disent-ils. Ils mitraillent un homme sur le palier de Clémentine. Nouvel appel de détresse. Cette fois, un camion blanc arrive. 300 personnes veulent fuir. C’est trop pour le véhicule. On forme une longue colonne de civils à pied qui suivent au pas le camion des casques bleus, sous les cris de rage des Dozos : «Pourquoi les laissez-vous partir ? Laissez-nous faire ! On va en finir avec ces agoutis [rongeurs] !» Clémentine, elle, reste, «pour continuer à informer les autorités». Samedi 2 avril, en fin de matinée, trois autres hommes en treillis, la trentaine, arrivent à mobylette, fusil de chasse à la main, ils cherchent de l’argent, arrachent ses vêtements. Clémentine les supplie : «Je suis vieille. Je suis votre maman.» Ils la violent à tour de rôle. Pillent la maison. S’en vont. Reviennent. Clémentine est surprise de nouveau à 300 mètres de là, dans la maison de sa sœur, 56 ans. Elles sont violées toutes les deux : «On va tuer Laurent Gbagbo, prendre vos femmes ! Vous deviendrez nos domestiques !»
Depuis, Clémentine parcourt Duékoué et la campagne environnante, le souvenir des cris des suppliciés et des violeurs dans la tête, avec un carnet à la main où elle note tout, les morts, les viols, les campements dévastés. Parfois, elle vient à pied jusqu’au camp de réfugiés de la mission catholique du père Cyprien. Ils sont 30 000, venus de Carrefour ou des villages environnants, serrés jusqu’à étouffer dans une enceinte faite pour une paroisse de campagne. 30 000 personnes, dans l’odeur des feux de bois vert, des excréments et du désinfectant, de la misère, de la promiscuité, de la maladie. «La semaine dernière, nous avons perdu 14 enfants à cause des diarrhées, dit le père Cyprien, et 15 de plus ces trois derniers jours.»
Dans la nuit africaine, quand l’orage finit par éclater, c’est toute l’eau d’un ciel peu miséricordieux qui s’abat d’un coup, comme un rideau de plomb glacé, sur des femmes et des enfants debout, tendant une bâche de plastique à bout de bras. Le camp est protégé par une unité de Marocains de l’Onuci, mais il manque de place, vivres, de médicaments, d’eau potable, de tout. 30 000 réfugiés dans un jardin ! Parfois, même le père Cyprien sent le courage lui manquer. Surtout dans la nuit noire, quand il entend les rôdeurs assassins continuer à hurler des menaces sous le nez des survivants : «On vous tuera tous, jusqu’au dernier !» Oui, le père Cyprien tremble lui aussi. Le grand massacre, qui a duré plus d’une semaine, a sans doute fait bien plus de mille morts. Il sait que Duékoué la maudite est un point rouge sur la carte du pays, une ligne de front des ethnies, un laboratoire du Mal, un lieu emblématique de ce que la Côte d’Ivoire pourrait devenir si elle ne trouvait pas, vite, très vite, le chemin de la réconciliation.
Source: 
 OTHER

Friday, October 14, 2011

Touba : conflit foncier Le syndrome de l’Ouest guette le Bafing


Publié le vendredi 14 octobre 2011   |  Nord-Sud


Les relations entre les autochtones de Koro (40 km de Touba) et leurs hôtes, burkinabè et baoulé, ne sont pas bonnes, parce qu’ils se disputent la terre et la forêt. Reportage…




La date du samedi 24 septembre dernier avait été retenue par les populations du département de Koro, situé à 40 km de Touba, chef-lieu de la région du Bafing, pour crever l’abcès : faire une battue pour en déloger des forêts les Burkinabè. Ils constituent l’écrasante majorité des étrangers, à côté des Lobi et des Baoulé. « Nous allons régler nous-mêmes nos problèmes », s’est écrié l’un des manifestants ce jour-là. Les manifestants sont venus de plus 20 villages pour se regrouper sur l’esplanade de la mairie de Koro. Les uns armés de fusils de chasse, de machettes, les autres munis de gourdins, de barres de fer.


L’intervention du secrétaire général de préfecture, Joseph Opoué Acko tuera dans l’œuf le projet de répression. Il a persuadé la foule à trouver une solution pacifique. Le calme revenu, les ‘’insurgés‘’ sont rentrés chez eux.


Des milliers d’hectares concernés


Entre 3000 et 5000 Ha sont occupés par des ressortissants burkinabè et baoulé. Et, c’est seulement en l’espace de 8 mois que ces populations se sont succédé, par vagues, pour occuper ces terres. En effet, menacées en zones forestières, elles espèrent trouver un nouvel eldorado dans le pays Mahou. Elles ont donc acheté des terres et érigé des plantations de café ou de cacao. Ces allogènes ont aussi marqué ‘’leur‘’ territoire dans au moins 3 gros campements au nord du chef-lieu de département ; c’est-à-dire dans les environs des villages de Nigbila, Tiémokosso, Docomadougou, Yakorodougou, Bini. Ils sont aussi au sud, à Farako, à Kountiguisso et à Mébradougou, où ils occupent 2 importants campements. Pareil à l’est, vers Massala-Koro et Windou (18 km de Koro), où ils revendiquent également au moins 2 campements. Ils sont signalés au sud dans les environs de Baadala (26 Km de Koro), où ils tiendraient 3 campements. Le résultat : les forêts du Koro font progressivement place à des vergers de cacaoyers. Combien sont-ils ces étrangers ? Difficile à savoir. On dénombre 3 grands campements dissimulés à l’orée des forêts classées de Borotou et du Parc national du Mont Sangbé. « On ne peut pas dire combien d’hectares et combien de campements ces gens occupent actuellement.


Comment les Burkinabé sont-ils arrivés dans la région ?


Ils s’arrangent pour installer leurs plantations très loin des abords de la forêt classée, de telle sorte que les plantations ne soient accessibles qu’à eux seuls. Je vous conseille de ne pas insister à aller voir plus loin, car vous risquez de ne plus revenir vivant », se désole M.A. Nous choisissons donc de reporter l’expédition au cœur de la forêt classée, pour regagner Koro, le chef-lieu de département où nous sommes accueillis dans la concession du chef de village. Sous la paillote, l’autorité villageoise est entourée de ses notables. «Ils viennent sans s’adresser aux autorités. Ni le chef de village, ni le préfet ne savent rien de cette ruée des Burkinabè vers notre région. Ils vont créer leurs campements pour ensuite faire appel à d’autres frères», soutient Youssouf S., secrétaire particulier du chef de village. « Ils continuent d’arriver chaque jour», soutient-il. La forêt classée de Guintéguélé, située à une cinquantaine de km à l’est de Touba serait aux mains des Burkinabè et des Baoulé.


L’installation des premiers étrangers remonte au premier trimestre du mois de l’année 2011, au plus fort de la crise post-électorale. Un groupe de sept personnes est venu voir le chef du village de Koro de l’époque, le patriarche Mamadou Bakayoko pour solliciter des terres. « Ce groupe comprenait trois Baoulé et quatre Burkinabè », explique l’un des notables du village qui dit avoir assisté à la réunion du 7 mars 2011, au cours de laquelle le chef du village a réuni les forces vives du village pour poser le problème de ses sept hôtes. « Le chef nous a indiqué que les étrangers ont sollicité 100 ha de terres où ils voulaient planter le cacao. Les termes du contrat étaient que sur ces 100 ha à exploiter, les revenus de 40 devaient revenir au village et 10 au chef de village lui-même. Ce jour-là, le chef nous a dit leur avoir répondu qu’il allait prendre conseil avec le village, mais qu’il avait d’ores et déjà donné l’ordre aux demandeurs d’aller regarder les terres. Il nous a laissé entendre qu’ils se sont dirigés vers Mebradougou, 16 km au sud de Koro», a poursuivi le notable qui continue pour souligner que les jeunes, soutenus par une bonne partie de la population, s’étaient opposés à l’opération. Tous sont unanimes, y compris le responsable des Burkinabè de Koro, à reconnaître que le décès du chef de village, Bakayoko Mamadou, en mai dernier et la vacance du pouvoir pendant trois mois, ont contribué à exacerber l’exode des populations étrangères dans la région. Dans ce laps de temps, plusieurs cars en provenance des zones forestières (Tabou, San Pedro) ont déversé leurs passagers (Burkinabé et Baoulé) dans les forêts de Koro. D’autres véhicules de 70 places, surchargés de passagers provenaient du Burkina-Faso avec pour destinations le département de Koro. «Le nombre d’étrangers s’est multiplié presque par cent», s’inquiète Kassoum Bakayoko, le nouveau chef de village. Pour lui, c’est maintenant qu’il faut trouver une solution à ce problème car, soutient-il, les vergers sont encore à l’état de pépinière. « Il faut que nous fassions tout pour mettre fin à cette anarchie le plus tôt possible », a-t-il indiqué avant de regretter que des gens veuillent traîner le problème sur le terrain politique. Les étrangers, quant à eux soutiennent avoir acquis régulièrement ces terres. «Ceux qui cèdent les terres, nous disent que c’est leur propriété parce que leurs parents où aïeux ont exploité ces terres. Parmi eux, il y a des jeunes, des notables et quelques chefs de villages », explique C. M. un jeune Burkinabè qui a requis l’anonymat. Pour lui, tous ceux qui travaillent sur ces terres les ont acquises avec la caution des propriétaires.


50 mille F Cfa l’hectare
Les termes du contrat des propriétaires, diffèrent en fonction du tuteur qui a donné la terre. Quand certains cèdent l’hectare à 50 mille francs Cfa, d’autres optent pour le métayage. « Celui qui exploite la plantation s’engage à donner une partie des récoltes au vrai propriétaire » de la parcelle. On propose à certains d’entre eux des motos. Et, ce trafic se fait à travers des démarcheurs installés à Touba-ville. Ceux-ci se chargent de lancer l’information de la disponibilité de terres arables dans le Bafing. Selon le chef de la communauté burkinabé du département de Koro, Zampou Seydou, les populations autochtones ont entraîné sa communauté dans leurs querelles intestines. Sinon comment comprendre qu’alors que d’un côté on nous demande de quitter les terres, de l’autre côté, d’autres nous rassurent et nous demandent de ne pas se laisser intimider. « C’est le chef du village défunt (décédé en mai 2011, ndlr) qui m’a donné mes terres, mais je ne sais pas pour les autres », se défend cet ancien employé du Projet soja reconverti dans le commerce depuis la chute du projet. Puis de raconter comment le chef du village défunt lui a cédé sa parcelle.


Des affrontements évités de justesse


Après plusieurs rencontres avec les étrangers en présence des autorités administratives. Lesquelles rencontres ne laissent pas espérer aux populations de Koro, la rétrocession prochaine de leur terre dans la paix, elles ont décidé d’utiliser la force. La dernière action en date remonte au dimanche 2 octobre dernier. Une délégation de six jeunes conduite par Ibrahima Diomandé, membre du Comité de suivi dans l’une de ses plantations près du village de Nigbila a été mise sur pied. Pour vérifier si les conclusions de la réunion du 27 septembre, demandant aux Burkinabè de cesser d’agrandir leur champ étaient respectées. L’équipe a été menacée par le nouveau propriétaire répondant au nom d’Ibrahim. L’affrontement est évité de justesse. Depuis, des actions d’envergure sont projetées dans les jours à venir. « Nous allons d’abord marcher. Pour donner une pétition au préfet. Nous ne voulons pas vendre nos terres. Si nos parents avaient vendu ces terres, on n’en serait pas là. Et nous allons tout faire pour exiger et obtenir le départ de ces gens qui ne respectent personne », soutient M. Fatoumata Bamba, présidente des femmes de Koro. Le maire-résident, Fatoumata Bakayoko, fille du défunt chef de village, alerte le gouvernement : «c’est maintenant que le problème peut être résolu. Nous appelons la communauté nationale à se pencher sur le problème. Nous venons de sortir d’une guerre, nous n’en voulons plus». Bakayoko Karamoko, ingénieur des techniques agricoles, fils de la région, sollicité par des cadres pense que le préalable de la résolution de cette crise réside dans l’identification des véritables propriétaires de la terre d’Odienné. Il faut régler la question des propriétaires terriens. Pour lui, les gens parlent de ces terres comme si elles appartenaient à tout le village. « Ces terres ne sont pas un patrimoine commun à tout le village. Elles appartiennent à des familles bien identifiées. C’est seulement après cette tape qu’on pourra ensuite régler la question des occupants étrangers », explique-t-il. Pour Falikou Kalo, cette solution serait mauvaise. « Il faut plutôt déguerpir ceux qui occupent ces terres illégalement car c’est une question de patrimoine », assure-t-il. Selon lui, la question de l’appartenance est très facile à résoudre. « Les vieux sont encore là. Ce n’est pas parce que quelqu’un a exploité une parcelle qu’on va laisser son fils brader sa terre », a-t-il soutenu.


Ousmane Ténin, envoyé spécial

Friday, September 30, 2011

Frontière ivoiro-libérienne / Deux semaines après : L’attaque de Ziriglo


23 morts, 5 blessés graves, dont 2 par balles. Voici le tableau macabre de l’attaque du vendredi 15 septembre 2011 qu’ont subie les populations de Ziriglo. Village situé à 36 km de Tai, sur la route menant à Tabou et à Nigré, dans la sous-préfecture de Grabo. L’expédition punitive fut celle d’un commando lourdement armé qui, ce jour-là, aux environs de 1h du matin, a attaqué le check-point des Frci situé à l’entrée de Ziriglo. Le déluge de feu du commando a fait reculer les éléments des Frci qui étaient en nombre insuffisant et faiblement armés. Le combat a duré jusqu’à 6h du matin. Selon le lieutenant Yaha Roger, le chef du détachement des Frci basées à Ziriglo et Nigré, l’attaque des mercenaires libériens était ciblée, et les personnes qui ont été froidement exécutées dans leur sommeil, sont, pour la plupart, de nationalité étrangère et de grands producteurs de café-cacao. Les assaillants, bien organisés et connaissant parfaitement la zone, n’avaient aucune peine pour mettre à exécution leur sinistre besogne. A en croire le lieutenant Yaha Roger, « la majorité de ceux qui ont attaqué, vivait dans le village de Ziriglo et sont identifiés comme étant les enfants du chef du village de Nigré ». Ce qu’a confirmé Zana Prosper, habitant du village, qui a réussi à s'échapper, quand la fusillade a commencé du côté du corridor. Selon lui, des bandits armés ont exécuté 23 personnes, dont des femmes enceintes, des enfants et des hommes. Des femmes ont été violées, des boutiques et habitations pillées. Le carnage a cessé à 6 h 30 du matin . Ces derniers ont pris la direction du Liberia, en passant par le fleuve Cavally. Présentement, aucun autochtone ne réside dans les deux villages. Tous ont fui en masse pour se réfugier dans la brousse ou à Taï. Plus de 50 maisons ont été incendiées, uniquement celles des Oubi, une ethnie minoritaire Guéré. Même la résidence du chef du village de Ziriglo, Pomin Maurice, n’a pas échappé à la furie des assaillants, qui ont emporté des biens et de l’argent appartenant aux riches allogènes et allochtones qui résident dans le village. C’est la peur totale dans la région. La quiétude des populations est perturbée, les activités agricoles (café, cacao, hévéa) sont arrêtées. Les populations ne se sentent plus en sécurité. Il faut rappeler que la production du cacao dans ce patelin d’environ 2000 âmes avoisine les 5000 tonnes par an. Ces « chiens de guerres » qui ont un penchant pour l’argent, sont présentement dans les forêts qui jouxtent la frontière ivoiro-libérienne ou ils sont retranchés, et d’où ils partent pour mener des attaques sporadiques dans les campements et villages de la sous-préfecture de Taï. L’attaque de Norbertkro, près du village de Ponan Tai qui a fait 11 morts, le mois dernier, en est la parfaite illustration. Ces bandes armées présumées semblent déterminées à semer le chaos et la destruction systématique au sein des communautés qui ont payé un lourd tribut à la crise post électorale et qui n’aspirent qu’à la paix. La prouesse au combat, et les massacres que ces hommes armés ont commis cette nuit-là dans les villages de Ziriglo et Nigré, indiquent clairement qu’ils sont bien organisés et prêts à récidiver si besoin était, car, soutenus par des autochtones, hostiles à la présence des allogènes venus faire fortune dans la région, et qui se réclament partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo. Ces derniers seraient en relation avec les mercenaires libériens qui ont combattu aux côtés des forces de défense et de sécurité dans la commune de Yopougon et qui se sont retranchés dans les forêts du Moyen Cavally à la frontière du Liberia, pour créer une situation d’insécurité généralisée dans la zone de Taï. La route qui mène à Ziriglo est un véritable calvaire pour les rares automobilistes qui l’empruntent. Parcourir les 36 km reste un exercice compliqué. Il faut plus de 6 heures de temps pour la parcourir à partir de Taï. Pour bien mener la mission de sécurisation de la frontière ivoiro-libérienne, il faut que le gouvernement se penche résolument sur l’épineux problème de route. Cela profite aux bandes armées qui savent qu’elles ne seront pas inquiétées, en cas d’attaque car régnant en maîtres absolus de cette frontière qu’ils maîtrisent. Malgré la présence d’un bataillon pour renforcer la sécurité dans cette zone instable de Tai à Tabou et de Tai à Danané. Le renforcement des troupes dans la région permettra d’intensifier les patrouilles. De manière à améliorer la sécurité de la population. Cette action sera très difficile à mener, car les routes secondaires sont impraticables dans la zone. Il faut nécessairement les profiler.
Plusieurs réfugiés que nous avons rencontrés à Taï pointent un doigt accusateur sur les allogènes et les allochtones qui, en représailles à l’attaque des assaillants, n’ont pas hésité à incendier toutes les maisons leur appartenant.


Chancelle Goudalet (envoyé spécial à Ziriglo)


L’un des rescapés : « Nous avons toujours peur »


« Aux environs de 1h30 du matin , ce vendredi-là, pendant la cérémonie de mariage de mon voisin, nous avons entendu des tirs. Les Frci avaient l’habitude de manifester leur joie, en tirant des coups de feu en l’air. C’est ce à quoi on a pensé pendant que nous dansions. Nous étions loin de penser que c’était une attaque, quand 4 assaillants ont fait éruption dans la cour. En ce moment-là, nous ne pouvions plus fuir et la plupart des invités ont trouvé refuge dans la maison du marié. Etant devant ma porte, j’ai bondi dans la mienne, en compagnie d’un des invités. La scène a été suivie par l’un des assaillants qui nous a fait sortir pour nous faire coucher sur le sol, et sans autre forme de procès, il a tiré à bout portant sur nous. J’ai eu la chance, car les balles m’ont atteint aux mains. Quant à mon compagnon de fortune, il a eu la tête éclatée. J’ai reconnu la voix d’un jeune Oubi du village prénommé Thomas, c’est un braconnier. Moi-même, je n’arrive pas à comprendre cette attaque. Présentement, quand il fait nuit, nous ne dormons pas dans nos maisons. Nous nous regroupons un peu plus haut, sous un hangar pour passer la nuit et le matin, chacun regagne son domicile. Nous avons toujours peur ». Ce rescapé s'est ouvert à nous en dévoilant son identité. Mais pour des raisons évidentes de sécurité, nous nous gardons de la révéler.


Propos recueillis par Chancelle Goudalet



Wednesday, September 28, 2011

Occupation illégale des terres à Touba - Mahouka et Burkinabé sur pied de guerre

Depuis que le pouvoir d’Etat a changé de main en Côte d’Ivoire dans une violence inouïe, les Burkinabé se croient en territoire conquis. Aussi envahissent-ils les forêts dans certaines régions du pays sans l’avis des propriétaires terriens, provoquant ainsi des vives tensions qui, si l’on n’y prend garde, vont conduire à des affrontements sanglants. C’est le cas des Mahouka et Burkinabé à Touba où lesdites populations sont sur le pied de guerre.

Les populations de la sous-préfecture de Koro, dans le département de Touba, sont sur le pied de guerre. Elles sont décidées à déloger de force les Burkinabé qui occupent illégalement leurs forêts depuis que le pouvoir d’Etat a changé de main en Côte d’Ivoire. La réunion qui s’est tenue, avant hier mardi 27 septembre, sous la présidence du préfet de Touba, M. Tola Konan, s’est achevée à queue de poisson. De quoi s’agit-il.

M. Mamadou Bakayoko, porte-parole du chef du village de Koro, explique : «Depuis trois à quatre mois, on constate d’importants convois de Burkinabè qui débarquent à la gare du village. Mais on ne voit ces nouveaux venus nulle part dans le village. Après quelques enquêtes, nous nous sommes rendu compte que ces Mossi, une fois qu’ils descendent de véhicules, rentrent dans la forêt sous la conduite de certains des leurs qui sont déjà sur place. Nous avons donc envoyé des émissaires dans la forêt située à 45 kilomètres d’Odienné et à 20 kilomètres du complexe sucrier. Ces émissaires ont été surpris de découvrir un véritable village de Mossi se développer dans cette forêt. Et ces Mossi exploitent illégalement cette forêt que nous avons pourtant réservée pour nos enfants, en y plantant du cacao».

Evidemment, l’occupation et l’exploitation de leurs forêts par les Burkinabé sans l’avis du village n’est pas du goût des paysans, notamment des jeunes. Ceux-ci ont donc décidé d’utiliser tous les moyens pour les déloger de là. Les premières démarches effectuées auprès des autorités, notamment, du préfet Tola Konan n’ont rien donné, selon notre interlocuteur. C’est alors que, explique le porte-parole du chef du village, face au refus des Burkinabè de quitter la forêt qu’ils occupent illicitement, les jeunes ont pris la résolution de les déloger de force. L’opération était prévue pour le lundi 26 septembre 2011. Prenant la mesure du danger, le secrétaire général de la préfecture de Touba, M. Opouh Joseph, sûrement sur instruction du préfet, entreprend une négociation auprès de la jeunesse. Il convoque alors une grande réunion avant-hier mardi 27 septembre, sous la présidence du préfet lui-même. Etaient conviés à cette réunion, les jeunes et leurs parents, le représentant des Burkinabé et le directeur régional de l’Agriculture. A cette réunion qui, selon le porte-parole du chef du village, a été très houleuse, le représentant des Burkinabè a expliqué que les premiers à s’être installés dans la forêt et qui seraient au nombre de 7 personnes, ont acheté leurs parcelles aux mains de certains villageois. Cependant, il n’a pu justifier la présence des autres Burkinabé sur les mêmes lieux, et dont le nombre serait près d’un millier. A en croire toujours la chefferie du village qui est une voie officielle, aucun paysan indexé n’a reconnu avoir reçu de l’argent de la part des Burkinabè. Ils ont cependant reconnu avoir reçu des présents, surtout des motocyclettes de la part de ceux-ci. Ces motocyclettes sont d’ailleurs confisquées par la jeunesse.

Prenant la parole, selon des participants à la réunion, le directeur régional de l’Agriculture aurait demandé aux jeunes de ne pas déloger de force les Burkinabé, bien qu’il ait reconnu que ceux-ci occupent illégalement les forêts. Il aurait indiqué que la loi exige que ces Burkinabè, dont les premiers plants de cacao n’ont que 8 mois, soient dédommagés avant d’être dégagés de là. Ce à quoi les jeunes et leurs parents, avec le soutien du chef du village Bakayoko Kassoum, se sont opposés. «Les jeunes ont été clairs sur le fait que notre village ne peut dédommager des gens qui se sont installés dans nos forêts sans l’avis de nos parents, et notamment, l’avis du chef du village. Et si des Mossi ont donné de l’argent à des gens, il faut qu’ils aillent leur réclamer leurs dus puisqu’ils les connaissent très bien», expliquent le porte-parole du chef du village. Qui ajoute : «Nous n’avons pas pu nous entendre et la réunion s’est achevée à queue de poisson. Les jeunes sont donc déterminés à déloger les Mossis. Leur détermination est telle que le chef du village ne peut pas les contenir».

La situation qui prévaut à Koro entre les autochtones et les Burkinabè envahisseurs, est celle qui prévaut dans la quasi-totalité des régions forestières de la Côte d’Ivoire. Cette situation qui était déjà préoccupante s’est davantage détériorée depuis que le pouvoir d’Etat a changé de main et que les FRCI, dont nombre d’éléments sont venus du Burkina-Faso, sont devenues les forces officielles du pays. Les Burkinabé pensent que la Côte d’Ivoire est aussi leur pays et qu’ils peuvent s’y établir sans s’en référer à personne. Il ne passe pas un jour où on ne reçoit des informations faisant état de ce que des Burkinabé, pourtant accueillis librement par des paysans dans leur village, les dépossèdent de leurs forêts souvent avec l’aide de certains éléments FRCI. A cette allure, et si l’Etat ne fait rien, les Ivoiriens de tout bord deviendront des nomades dans leur propre pays. Le dire, ce n’est ni de la xénophobie, ni inciter qui que ce soit à la révolte contre les Burkinabé. C’est pourquoi, nous nous réjouissons de l’une des conclusions du dossier réalisé par Radio Côte d’Ivoire sur les grands problèmes de l’heure à régler par la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, à savoir l’occupation des terres par les Burkinabè. Nous devons courageusement dénoncer ces faits pour ne pas se faire complice de l’expropriation des Ivoiriens de leurs terres par les Burkinabè. Ce ne sont pas les Ivoiriens qui ont tracé la frontière qui sépare leur pays du Burkina Faso. En définitive, c’est Dieu qui a établi chaque peuple là où il est.

Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr






La reconciliation doit commencer par ADO et Bedie..Qu'ils nous disent ce qu'ils se sont dits.

Qui des deux a menti sur son camarade? Toute cette crise a commence par ces deux la. Si aujourd'hui ils semblent s'etre reconcilie, le peuple a qui ete divise par leurs services doit entendre publiquement ce qu'ils se sont dit pour se reconcilier. Soit Bedie a reconnu que tout ce qu'il a ecrit dans son livre etait des mensonges sur l'innocent ADO, soit ADO a reconnu avoir menti sur Bedie en se presentant comme la victime. ADO doit donc nous regarder droit dans les yeux et nous dire la verite, et Bedie nous regarder droit dans les yeux et nous dire la verite. On ne doit quand meme pas regarder ADO droit dans les yeux et voir Abidjan en chantier. Notre palabre n'apas commence par une affaire de chantier. On doit commencer la reconciliation par la verite, et maintenant est venu le temps de se dire la verite. ADO doit regarder les jeunes nordistes droit dans les yeux et leurs dire la verite, afin de les liberer, car en se gardant de leur dire la verite, il met leur vie en danger. ADO doit aussi regarder les ivoiriens droit dans les yeux et leur dire que tout ce qu'il a dit est vrai mais il accepte de ne pas en faire cas puisque ADO est ivoirien. POur simplifier pour nos jeunes adosapiens qui ont des problemes de comprehension je dirai que, imaginez que le maire arrive dans son village et veut porter le masque zaouli. Mais les sages du village disent que pour porter le masque sacre il faut etre vierge. Je dis au vieux que je suis vierge donc je peux porter le masque. Mon ami coolio qui me connait bien me dit "mais le maire, on as casser les kpetou ensembles et je connais tes gosses", et moi je dis aux jeunes du village, qui deja etaient trop fan de mes phases de zaouli que coolio est un menteur et a fabriquer tout pour que je ne porte pas le masque. Le village se divise en deux, un pro le maire, et un anti le maire. A cause de moi donc la guerre arrive au village. Pour que le village se reconcilie, ce sera a moi de venir dire aux villageois qu'en fait Coolio n'a pas menti mais que c'est moi qui suis dans le faux. Certes je pourrais par des circonlocutions prouver que je suis vierge, mais pour fair eplus simple, je dois reconnaitre ma part dans la genese de la crise villageoise. De meme ADO doit reconnaitre sa part. Car tout ce qu'on lui reproche, rien n'a ete fabrique, c'est lui meme qui a pose tous les actes que ses ennemis lui reprochaient. Ce sera donc a lui et a Bedie de venir ouvrir le bal de la verite. La reconciliation doit commencer par le debut.

Saturday, September 24, 2011

Côte d’Ivoire : Massacre d’immigrés ouest-africains


Le Conseil de sécurité impose de vigoureuses mesures contre Laurent Gbagbo ; la population civile a besoin d’une protection renforcée
MARS 31, 2011
« La crise en Côte d'Ivoire a atteint son point d'ébullition. Étant donné les massacres perpétrés des deux côtés et l'incitation continuelle à la violence dans les médias par les partisans de Gbagbo, nous sommes extrêmement préoccupés par la possibilité d'autres atrocités et violations des droits humains. »
Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch
(Dakar, le 31 mars 2011) - Des milices ivoiriennes et des mercenaires libériens fidèles à Laurent Gbagbo ont tué au moins 37 immigrés ouest-africains dans un village près de la frontière avec le Libéria le 22 mars 2011, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Pour donner un coup d'arrêt à la spirale de violence et empêcher que le pays ne s'enfonce dans la guerre civile, le Conseil de sécurité des Nations Unies a décrété le 30 mars de vigoureuses mesures contre le président sortant, Laurent Gbagbo, qui persiste dans son refus de démissionner et de céder le pouvoir à son rival, Alassane Ouattara.
Des témoins en Côte d'Ivoire ont affirmé à Human Rights Watch que des hommes armés, certains en uniforme et d'autres en civil, ont massacré les villageois, partisans présumés de Ouattara, peut-être en représailles à la capture de zones voisines par les forces pro-Ouattara. Plusieurs autres témoins ont décrit de nombreux incidents dans lesquels des partisans réels ou perçus comme tels de Ouattara ont été tués par les forces de sécurité et des miliciens pro-Gbagbo à Abidjan. Les troupes de Ouattara se déploient vers le sud et l'est du pays, et se sont emparées de plusieurs villes clés, notamment la capitale politique, Yamoussoukro, et se dirigent vers Abidjan, la capitale commerciale, dans une situation qui évolue très rapidement.
« La crise en Côte d'Ivoire a atteint le point d'ébullition », a déclaré Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. « Étant donné les massacres perpétrés des deux côtés et l'incitation continuelle à la violence dans les médias par les partisans de Gbagbo, nous sommes extrêmement préoccupés par la possibilité d'autres atrocités et violations des droits humains. »
Au cours d'une campagne organisée de violations des droits humains durant les quatre derniers mois, probablement qualifiables de crimes contre l'humanité, les forces de Gbagbo ont tué, fait disparaître et violé des partisans réels ou perçus comme tels d'Alassane Ouattara, a constaté Human Rights Watch. Des hommes armés partisans de Ouattara se sont également livrés à de nombreuses exécutions extrajudiciaires de partisans et de combattants présumés du camp de Laurent Gbagbo.
Selon les estimations de l'ONU, près de 500 personnes, en majorité des civils, ont perdu la vie en raison des violences. Pour le seul mois de mars, les forces au service de Laurent Gbagbo ont tué au moins 50 civils par des tirs des mortiers dirigés contre des quartiers connus pour être des bastions d'Alassane Ouattara. Les forces pro-Gbagbo ont également battu à mort, tué à coups de machette et brûlé de nombreux partisans présumés de Ouattara aux points de contrôle mis en place par les milices.
Le 25 mars, le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) a estimé qu'entre 700 000 et un million de personnes ont été déplacées, essentiellement d'Abidjan. Le 29 mars, le HCR a signalé que 116 000 Ivoiriens avaient fui vers huit pays de l'Afrique de l'Ouest : le Libéria, le Ghana, le Togo, la Guinée, le Mali, le Burkina Faso, le Bénin et le Nigeria.
Le 30 mars, le Conseil de sécurité des Nations Unies a approuvé à l'unanimité une résolution qui demande à Laurent Gbagbo de quitter ses fonctions et exige une solution politique à la crise. La résolution exige la fin de la violence contre les civils et contre les fonctionnaires de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI). Elle demande instamment au personnel de cette opération d'utiliser tous les moyens nécessaires pour remplir son mandat de protection des civils sous la menace imminente de violences physiques. En outre, la résolution du Conseil de sécurité appelle toutes les parties à coopérer pleinement avec une commission internationale d'enquête mise en place à la fin de mars par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies pour enquêter sur les violations des droits commises en Côte d'Ivoire. Enfin, la résolution adopte des sanctions ciblées contre Laurent Gbagbo et quatre proches collaborateurs, y compris son épouse, Simone.
Human Rights Watch a exhorté toutes les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire et à cesser les attaques contre les civils ainsi que les exécutions extrajudiciaires. Human Rights Watch a en outre demandé que les Casques bleus des Nations Unies renforcent la protection des civils. L'ONUCI a besoin d'équipement, tel que des hélicoptères, et d'un déploiement supplémentaire de troupes bien formées et équipées, a ajouté Human Rights Watch.
Human Rights Watch a également souligné l'importance de poursuivre les responsables des atrocités commises. Le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a indiqué à plusieurs reprises qu'il poursuivrait les auteurs des crimes commis en Côte d'Ivoire si les conditions requises pour l'ouverture d'une enquête, en fonction de la gravité des crimes et de l'insuffisance de procédures nationales pour de telles poursuites, étaient remplies. Une enquête pourrait être déclenchée par une saisine de la cour par le Conseil de sécurité des Nations Unies ou par tout État partie à la cour, ou encore par le procureur s'il décidait d'agir de sa propre autorité. Bien que la Côte d'Ivoire ne soit pas partie à la cour, elle a accepté sa compétence par une déclaration en 2003. La résolution du Conseil de sécurité fait référence à cette déclaration et mentionne que le rapport de la commission d'enquête devra être remis au Conseil et à « d'autres organismes internationaux compétents ».
« Le massacre d'immigrés ouest-africains, les attaques dirigées contre les civils à Abidjan et les déplacements massifs de population sont profondément troublants et exigent une réplique efficace », a alerté Daniel Bekele. « Les Nations Unies doivent se préparer au pire et adopter toutes mesures nécessaires pour protéger tous ceux qui en Côte d'Ivoire sont en grand danger d'être les victimes d'horribles violences.»
Massacre à Bedi-Goazon
Human Rights Watch s'est entretenu avec cinq témoins du massacre d'au moins trente-sept immigrés ouest-africains, perpétré le 22 mars par des milices pro-Laurent Gbagbo. Les meurtres ont eu lieu dans le village de Bedi-Goazon, à 32 kilomètres de la ville de Guiglo, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, le lendemain de la capture de la ville voisine de Blolequin par des combattants partisans d'Alassane Ouattara. Le village de Bedi-Goazon est habité par des Ivoiriens comme aussi par environ quatre cents personnes originaires d'autres pays ouest-africains. La plupart d'entre eux travaillent dans les plantations de cacao de l'ouest de la Côte d'Ivoire. Les témoins ont affirmé qu'un grand nombre des assaillants parlaient l'anglais et semblaient venir du Libéria. La grande majorité des victimes étaient des immigrés en provenance du Mali et du Burkina Faso.
Les témoins ont affirmé que vers 13 heures, ce jour-là, des hommes armés partisans d'Alassane Ouattara avaient traversé Bedi-Goazon dans leur avance vers Guiglo. Vers 15h30, selon des témoins, au moins quatre camions transportant des dizaines de miliciens pro-Gbagbo, certains en uniforme et d'autres en civil, certains parlant l'anglais et d'autres le français, ont attaqué la partie du village où habitent les Ouest-africains. Les témoins ont dit que les miliciens ont tué les immigrés dans leurs maisons et alors qu'ils tentaient de s'échapper.
Human Rights Watch a reçu une liste de vingt-sept victimes maliennes, mais des témoins ont dit que les familles des Maliens, qui avaient fui dans la forêt environnante et qui étaient plus tard revenues brièvement au village, avaient relevé près de quarante morts. Les témoins ont déclaré que les assaillants étaient armés de fusils automatiques, de lance-roquettes et de machettes. Ils pensent que leur village a été attaqué en guise de représailles suite à l'avancée militaire dans la région par les partisans armés d'Alassane Ouattara. Avant de partir, les agresseurs se sont livrés au pillage en s'emparant de tout objet de valeur - notamment des motocyclettes, de l'argent, des téléviseurs, des matelas et des vêtements - et dans certains cas ont incendié les maisons.
Plusieurs témoins ont indiqué que la prise pour cible des victimes était clairement basée sur des critères ethniques. Un témoin de 36 ans a déclaré: « Ils sont venus en nous accusant d'être des rebelles et nous dit : ‘Si vous êtes Dioula [nord de la Côte d'Ivoire], fuyez si vous le pouvez, si vous êtes Guere [natifs de la région et surtout partisans de Laurent Gbagbo], restez, nous ne sommes pas venus pour vous. Mais si vous êtes Maliens ou Mossis [Burkinabés du Burkina Faso], nous allons vous tuer.' Et puis, ils ont commencé à tuer. »
Une Malienne âgée de 18 ans a entendu les assaillants crier en anglais, alors qu'ils descendaient de leurs véhicules : « Abattez-les, abattez-les tous », et ils ont commencé à tuer. Elle a dit qu'elle plusieurs autres femmes et enfants ont été sauvés par une Libérienne qui s'est interposée.
Quelques témoins, parmi eux un adolescent de 16 ans interrogé par Human Rights Watch, ont été blessés à coups de machette lors de l'attaque : « Ils m'ont frappé, en disant qu'ils allaient me couper la gorge ; et puis ils m'ont entaillé les bras à coup de machette en criant que nous étions des rebelles. »
Il n'a pu survivre qu'en donnant de l'argent à ses agresseurs, tout comme d'autres personnes dont un Malien de 28 ans qui a fourni le témoignage suivant :
Vers 15 heures, nous avons entendu des camions venir et nous nous sommes réfugiés dans nos maisons. Les hommes ont tiré en l'air puis ils ont commencé à défoncer les portes en criant : « Tirez ! Tirez ! » et « Vous êtes des rebelles, nous allons tous vous tuer. » Nous entendions les coups de feu et les cris. Ils tuaient les gens. Avec ma famille nous nous sommes cachés dans notre maison. Ils ont défoncé la porte et crié que si je ne leur donnais pas de l'argent, ils nous tueraient tous. Je leur ai donné tout ce que j'avais - 84 000 CFA, et les clés de trois motos. Je les ai suppliés de ne pas me tuer .... J'étais terrifié ... mais ça m'a sauvé la vie. Le commandant a dit : « Sans argent, tu étais mort. » Mais pas tout le monde n'avait de l'argent... ils ont tué un Burkinabé devant moi... et plus tard dans une maison voisine, je les ai vu tuer cinq femmes... à quelques mètres de moi. Ils ont crié: « Donnez-nous de l'argent ! » Les femmes ont supplié, disant qu'elles n'en avaient pas... Alors ils les ont abattues... trois à l'intérieur de la maison, deux à l'extérieur. Ils ont ordonné à quatre d'entre nous de transporter dans leur camion les marchandises qu'ils avaient pillées... En marchant dans le village, j'ai vu au moins vingt corps et entendu des femmes et des enfants gémir... Je les ai vu mettre le feu aux maisons et on m'a dit que certains villageois avaient été brûlé vifs à l'intérieur.
Un homme de 34 ans originaire du Burkina Faso a dit avoir vu vingt-cinq personnes tuées, et a noté ce qu'il pense être un motif clair de l'attaque :
En tuant les gens, ils les accusaient d'être des rebelles... Ils ont dit d'autres choses en anglais que je n'ai pas compris. J'ai vu vingt-cinq personnes tuées sous mes yeux. Ils ont tué des femmes, des enfants et des hommes. Ils ont dit qu'ils nous tueraient tous. Ils ont forcé les gens à sortir de leur maison et ils les ont tués, exactement comme ils l'avaient dit. La plupart des gens qui vivent dans ce village sont Burkinabés, Maliens et Sénoufo [ethnie du nord de la Côte d'Ivoire]. Ils ont forcé les gens à sortir de leur maison et les ont tués sur le pas de leur porte. Un homme a ouvert sa porte, deux hommes l'ont traîné dehors et ils ont l'ont tué d'une rafale de Kalachnikov. J'ai aussi vu tuer toute une famille. L'homme, son petit frère, deux femmes et leurs enfants - deux enfants de 9 et 5 ans. Ils les ont tués, comme si de rien n'était.
Le ciblage ethnique à Abidjan
Depuis le 16 mars, jour où des partisans armés d'Alassane Ouattara ont tenté d'étendre leur contrôle sur les quartiers d'Adjamé et de Williamsburg d'Abidjan, des dizaines de civils ont été tués, que ce soit délibérément ou par usage excessif de la force. Les immigrés d'Afrique de l'Ouest et les membres actifs de partis politiques alliés à Alassane Ouattara ont été particulièrement ciblé.
Un homme de 40 ans, originaire du Burkina Faso, était l'un des neuf immigrés ouest-africains arrêtés par des hommes armés et en uniforme, qu'il pense être des policiers, à un barrage à Adjamé, le 29 mars. Le groupe a été emmené dans un poste de police où les policiers leur ont tiré dessus. Six des hommes sont morts ; trois autres, dont le témoin, ont été blessés :
A 8h30, en me rendant à mon travail, j'ai été arrêté à un poste de contrôle à Adjamé. Les policiers m'ont demandé ma carte d'identité. A la vue de mon nom ils m'ont dit de monter dans un 4 x 4 stationné à proximité. Je suis monté ; il y avait huit autres personnes. Nous avons été emmenés au 11e commissariat de police. Il y a un camp, juste derrière le commissariat, et c'est là que tout s'est passé. La police nous a poussé et a crié : « Êtes-vous des frères de la rébellion ? » J'ai dit non, mais à l'évidence, ce n'était pas une vraie question. Puis ils ont dit, « Si vous êtes Burkinabé, allez là-bas à gauche. Si vous êtes Malien, allez à gauche. » Nous sommes donc tous allés à gauche. Puis ils se sont tournés vers nous et ont tiré... six d'entre nous sont morts. J'ai reçu une balle dans le bras et dans les reins et j'ai dû leur paraître mal en point parce qu'ils m'ont laissé pour mort. Les policiers sont partis tout de suite après. Je n'ai pas douté qu'ils soient des policiers à cause de leur uniforme ; le 4x4 aussi était un véhicule de police, avec les marques de la police, et le camp au commissariat était un camp de police. Deux des morts étaient des Burkinabés ; j'ai appris que les six autres étaient Maliens, dont les deux autres survivants. Je n'ai pas pu dormir la nuit dernière, je ne peux pas oublier, et aussi à cause des sutures. Je vais essayer de dormir ce soir.
Un chauffeur ivoirien a décrit le meurtre, le 28 mars, de trois bouchers maliens par des miliciens de quartier, reconnaissables à leurs T-shirts noirs et brassards rouges. Les miliciens les ont abattus alors qu'ils étaient partis chercher une vache dans le quartier de Williamsville. Le 17 mars, un Sénégalais, blessé au bras dans le quartier d'Adjamé par un tir d'hommes armés en uniforme, a raconté comment deux de ses amis, Sénégalais, ont été abattus dans le même incident : « Les hommes armés ont pointé leurs armes sur eux et ont tiré... ils ne leur ont posé aucune question, ils les ont abattus comme ça, à bout portant. » Un autre témoin a décrit le meurtre d'un civil qui avait été arrêté le 30 mars à un barrage de miliciens à Adjamé :
A midi, les miliciens ont stoppé une camionnette et ont demandé au conducteur et à son apprenti leurs papiers d'identité. Ils ont traîné l'apprenti hors du siège passager et dit au conducteur qu'il pouvait partir. Ils ont tiré quatre fois sur l'apprenti. Son corps est toujours dans la rue. C'est comme ça qu'ils ciblent les étrangers... ils regardent les papiers et déterminent votre origine. Si vous êtes originaire de la CEDEAO [Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest] ou du nord, ils vous disent de descendre, et - trop souvent - vous tuent. Avec maintenant une dizaine de ces postes de contrôle à Adjamé, les meurtres et ce genre d'incidents sont devenus monnaie courante.
Un autre témoin a décrit comment il a vu des miliciens locaux perquisitionner de maison en maison et opérer des postes de contrôle les 21 et 22 mars à Williamsville. Il a déclaré avoir vu tuer trois personnes, dont deux de ses amis qui ont été assassinés dans sa maison.
La violence à Adjamé a provoqué un exode massif d'Abidjan des immigrés ouest-africains et des Ivoiriens du nord d'Abidjan, ou les a amenés à se réfugier dans diverses ambassades d'Afrique de l'Ouest.